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Vents et marées illogiquement incarnés par deux anciens Chefs de l’Etat. L’on se serait attendu à ce que, sans aucun engagement formel de leur part, ils apportent un soutien moral à leur successeur pour les réformes radicales et courageuses qu’il a entreprises afin que notre démocratie n’aille plus à vau-l’eau et rime enfin avec un début de développement à travers écoles et hôpitaux plus performants, eau potable et énergie électrique davantage disponibles, infrastructures routières reliant mieux les Béninois entre eux, etc. Or, en lieu et place du soutien moral, c’est l’opposition frontale et brutale, comme si leur idéal, c’est le Bénin délabré et sans horizon. Il semble que l’on ait du respect pour ce qu’ils ont été et qu’ils ne seront pas poursuivis pour leurs errements depuis cinq ans. On ne saura donc pas le fin mot de l’étrange équipée du vendredi-saint 2019 sur le grand marché de Cotonou, ni des journées feu et sang du 1er et du 2 mai de la même année. Opposés à la tenue des élections législatives, nos deux anciens Présidents de la République entendaient en finir en appelant à l’insurrection à Dantokpa et à Cadjêhun. Ne pouvant entraver les petits exécutants et laisser circuler sans entrave les éminents commanditaires, la justice aura fermé les yeux sur les deux putschs manqués. Malgré les outrances remarquées du genre « J’irai le capturer ! ».
Vents et marées logiquement incarnés par l’opposition radicale en exil. Ses membres pensent le Bénin en termes de rentes viagères pour eux et les leurs. A des postes élevés pour servir le pays, ils s’adjugent l’argent du pays. Ils rejettent ensuite les griefs qu’après enquête le parquet retient contre eux. Ils voient dans la justice du Bénin une parfaite injustice. Habiles, ils courent se réfugier avec leur butin en France et aux Etats-Unis. Jugée pour le vol d’un panier de tomates au marché Kpassê de Ouidah, dame Sika a purgé six mois de prison. Elle n’a pas eu le loisir de l’exil. Loisir ? Que non ! L’exil pour fuir la justice de son pays est une errance qu’on veut quitter au plus vite et à tout prix. Nos exilés auront-ils trempé dans les violences autour des législatives de 2019 et dans celles qui ont précédé la présidentielle du 11 avril 2021 ? Si oui, ils devront indiquer eux-mêmes le mode de négociation avec le pouvoir pour leur retour au bercail dans le respect du droit et de la légalité. Car, si de leur exil, ils ont ensanglanté le Bénin, ils auront beau imiter les six Bourgeois de Calais, se mettre la corde au cou en signe de repentir, il sera difficile d’envisager pour eux « grâce et pardon ».
Vents et marées étonnamment incarnés, paraît-il, par la brillante présidente d’ELAN, égérie magnifique de la mémorable épopée « Touche pas à ma Constitution ». Ô Seigneur ! Lorsque César aperçut au nombre de ses assassins Brutus, son préféré et son protégé, il s’écria de douleur : « Toi aussi, mon fils ! » Une douleur similaire étreint aujourd’hui le cœur de nombre de Béninois à propos de celle qui leur fut Jeanne d’Arc. Naguère héroïne du progrès de la patrie, et maintenant cœur battant du dispositif de sa déflagration ! Est-ce possible ? Si un tel avatar de l’ange s’avère, c’est que le doute métaphysique continue de questionner sainte Thérèse d’Avila : « Dieu, considérez que nous ne nous entendons pas nous-mêmes et que nous ne savons pas ce que nous voulons et que nous nous éloignons infiniment de ce que nous désirons. » Devra-t-on supplier la justice de convoquer le doute thérésien pour accorder « grâce et pardon » à l’égérie de « Touche pas à ma Constitution » ?
En tout état de cause, et comme le dit Aimé Césaire, « le moment est venu d’en finir avec nos querelles pour édifier ce pays et unir ce peuple contre un danger plus proche qu’on ne suppose et qui menacerait jusqu’à son existence même ». Danger et menace qui plaident justement en faveur de la Rupture et du nouveau départ. Danger et menace qui exigent que le Bénin résiste et fasse progresser le Nouveau-Départ contre vents et marées.