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Les performances exceptionnelles du Programme d’Appui à l’entrepreneuriat féminin au sein de la filière riz Bénin (PAEFFR-Bénin) retiennent l’attention des autorités nationales pour la promotion du riz étuvé du Bénin et l’extension du projet à l’échelle nationale. C’est pourquoi du 24 et 25 mars 2022, la Vice-Présidente du Bénin, Mariam Chabi Talata accompagnée de la Cheffe de Coopération de l’Ambassade du Canada près le Bénin étaient dans le département des Collines pour mieux s’imprégner des prouesses des femmes étuveuses de riz.
Depuis février 2017, le gouvernement du Canada a investi plus de cinq milliard FCFA dans le programme d’appui en l’entrepreneuriat féminin (PAEFFR) à travers le Centre d’Étude et de Coopération Internationale (CECI). Ce programme qui prendra fin en novembre 2023, est déployé dans les six (6) communes du département des Collines (Banté, Dassa, Glazoué, Ouèssè, Savalou et Savè), a permis de renforcer la vocation économique de l’Union Régionale des Femmes Étuveuses des Collines (URFER-C) et de ses six (06) coopératives communales. En effet, plusieurs investissements structurants ont été réalisés. Il s’agit notamment des aménagements hydroagricoles, la construction et l’équipement de centres modernes de transformation de riz. Le projet a également contribué au renforcement des capacités de gestion des coopérations membres, facilité l’accès aux services financiers, aux connaissances professionnelles et aux marchés. Conscient que les femmes ont des difficultés pour s’affirmer, les actions du projet sont allées dans le sens du renforcement de leur participation aux instances décisionnelles des structures associatives de la filière, du développement du leadership féminin et des capacités de prise de parole. La négociation, l’alphabétisation fonctionnelle et le renforcement du fonctionnement institutionnel de l’URFER-C et de ses coopératives membres ne sont pas du reste.
Autonomes grâces au PAEFFR-Bénin
Toutes ces actions ont contribué à bâtir aujourd’hui dans cette région du Bénin, un exemple type d’entreprenariat féminin à succès. La principale particularité de ce succès est qu’il est impulsé et géré essentiellement par des femmes. Cette initiative permet donc de mettre en exergue le potentiel de ces femmes dans un environnement où jusqu’à un passé récent, l’on ne pouvait pas imaginer qu’elles étaient capables.
C’est d’ailleurs tout le fondement de la politique d’aide international féministe du Canada qui repose sur le principe selon lequel promouvoir l’égalité ainsi que l’autonomisation des femmes est la démarche la plus efficace pour produire une croissance économique forte et éradiquer la pauvreté. Politique canadienne d’aide international féministe soutient que les femmes sont des agents puissants du changement qui peuvent complètement transformer leur ménage, leur société et leur économie. Cette initiative permettra progressivement un développement territorial concerté et intégré si les autorités du pays l’encadrent et l’entretiennent durablement de sorte que l’expérience puisse être répliquée à une échelle qui dépasse celle de l’URFER-C. Car, l’activité génératrice de revenue que constitue le riz étuvé, est réalisée par les ressources locales, en l’occurrence les femmes. Elle leur permet d’avoir une autonomisation financière et de dégager des ressources pour leur besoin ainsi que ceux de leur famille. En conséquence, la demande locale serait boostée au niveau de la communauté. « C’est une opportunité unique pour les femmes d’échanger sur les filières de riz et principalement la commercialisation du riz local et les opportunités d’affaires à saisir pour mieux écouler leurs produits », a fait savoir la cheffe de la Coopération Canadienne Myriam Pierre-Louis au cours de cette mission économique dont l’enjeu était de taille.
Des succès à dupliquer sur tout le territoire
D’un autre côté, l’accès aux services financiers ayant été facilité par le programme, les femmes n’auront plus à faire face aux difficultés qu’elles rencontrent pour avoir des crédits auprès des institutions financières que ce soit auprès des banques classiques ou des Systèmes Financiers Décentralisé. Par ailleurs, avec l’alphabétisation fonctionnelle qu’offre le programme, les barrières de l’analphabétisation seront repoussées, permettant aux femmes de participer activement à toutes les activités dans lesquelles l’alphabétisme est requis pour un fonctionnement efficace dans le groupe et la communauté. Très souvent, la communauté à tendance à penser que les femmes ne sont pas capables autant que les hommes. Mieux, ce sont les femmes elles même qui se sous estiment. Une solution est alors trouvée à ce problème avec le développement du leadership féminin chez les étuveuses à travers PAEFFR. En retour, elles inspirent plus confiance et sont capables de guider une équipe grâce à leur charisme, leur intelligence émotionnelle et leur exemplarité. Ce sont autant d’atout que les femmes recherchent aujourd’hui pour avoir une place dans la société, diriger une entreprise ou un business et pour être un vrai leader. Avec ces capacités dont les disposent aujourd’hui les unions de femmes grâce au PAEFFR et au regard des répercussions positives quelles ont déjà et peuvent avoir encore davantage sur l’économie territoriale, le gouvernement du Bénin pourrait s’en inspirer pour une implémentation à l’échelle nationale avec d’autres spéculations. Au-delà de ces transformations engendrées par le PAEFFR, il presse de donner une chance à ces femmes étuveuses de promouvoir le du riz étuvé du Bénin. Le message porté par ces femmes étuveuses a captivé l’attention des officiels. La Vice-Présidente, Mariam Chabi Talata a lancé un appel pour que des décisions soient prises pour la consommation du riz béninois qui correspond à la vision du chef de l’État Patrice Talon, à travers le volet Agriculture du Programme d’action du gouvernement 2021-2026, qui constitue une opportunité pour assoir et développer cette expérience au regard de ces objectifs pour assurer l’autosuffisance alimentaire, l’amélioration des conditions de vie des populations, l’entrepreneuriat etc., en mettant un accent particulier sur la formation technique.
« L’État reconnaît la grandeur de la tâche mise en œuvre par l’Union régionale des femmes étuveuses de riz des collines (URFER-C) en matière d’apport qualitatif à la nutrition pour le bien-être de la population béninoise, toute entière. Le riz étuvé des collines est un aliment de très haute qualité, deux à trois plus riche en vitamine B1, B2. Plus qu’un riz, je dirai que c’est un alicament », a déclaré le maire de la Commune de Glazoué, Gilles Houndolo.
D’autres synergies peuvent être trouvées et des leçons apprises de cette initiative pourraient constituer un tremplin pour le développement du pays. Pour le riz produit par ces femmes étuveuses, le succès de cette généralisation dépendra de la maitrise d’un certain nombre de paramètres. Lesquels sont : la question de la productivité du riz, la qualité du paddy transformé et stocké. Au cours de cette tournée, les femmes ont pu démontrer qu’avec les investissements du Canada au niveau des irrigations et des centres d’étuvage, les rendements du riz sont passés de 3 à 6 tonnes/hectare et qu’elles peuvent faire aujourd’hui deux récoltes de riz par an. La commercialisation du riz local reste encore à organiser. L’éloignement des sites de
vente (Cotonou et autres grandes villes du Bénin) par rapport aux lieux de production est un réel frein à l’approvisionnement des grands marchés. Les prix de vente de ce riz sont concurrencés par les bas prix des produits importés.
Néanmoins, il est possible que les organismes internationaux comme le Programme alimentaire mondial (Pam) et d’autres structures de marchés privés en attendant de pallier ces écueils épineux, soulagent un tant soit peu ces femmes. Ceci, en décidant par exemple de ravitailler les stocks destinés aux cantines scolaires en riz étuvé, comme le cas actuellement chez les producteurs de maïs.