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Santé

Le CHUD Borgou-Alibori ou le probatoire avant l’admission au cimetière




Par Nazaire Tahoué

Confronté aujourd’hui à des difficultés énormes, le CHUD Borgou-Alibori donne l’impression d’avoir été abandonné à son triste sort. Et pourtant, il reste le deuxième hôpital de référence du Bénin, après le CNHU HKM de Cotonou.
Un statut que le secrétaire général du Syndicat des travailleurs du CHUD Borgou-Alibori, Ibrahim Nondichao, hésite bien à lui reconnaître. Selon ce dernier, le centre ne remplit pas les normes pour l’être. Il ne se comporte pas comme tel et a besoin d’être géré autrement. Des propos que le Maître de conférences agrégé, Dr Emile Antoine Dodji Mensah, n’a pas niés. Au four et au moulin tous les jours de la semaine, il est le directeur de l’hôpital. A peine, est-il sorti du bloc opératoire pour rejoindre son bureau, qu’il devait tenir une séance de travail avec le responsable du service de maintenance et ses collaborateurs. C’est au sujet d’un groupe qui vient de tomber en panne.
Avant sa prise de service le 4 janvier 2016, le budget de l’hôpital était déjà déficitaire. « Nous avons de sérieux problèmes pour prendre en charge de façon correcte les populations », confie-t-il. « C’est brutalement que nous avons vu notre budget prévu pour 2016 coupé de 50%, lequel a été reconduit pour cette année », a-t-il poursuivi.
Tout va vraiment mal

Le montant de ses crédits délégués ayant été réduit de moitié par rapport aux années antérieures, l’hôpital est obligé de supporter des fardeaux supplémentaires. Sans moyens, il est donc contraint de survivre au quotidien. Pour la stérilisation de certains de ses matériels médicaux, il ne dispose même pas d’un autoclave, comme la norme l’a recommandé. Son personnel composé de 450 agents, y compris les nouveaux maîtres de conférences agrégés, vit à l’étroit. Il y a des médecins qui n’ont pas de bureau. Certaines de ses salles de consultations sont parfois mises à contribution pour des hospitalisations dans des conditions qui laissent à désirer. Au niveau de certains services, il arrive que les consultations se fassent dans les couloirs. A la tombée de la nuit, ce sont les moustiques qui prennent d’assaut la maison, pour le malheur aussi bien des malades que de ceux qui les ont accompagnés.

Le CHUD Borgou-Alibori peine sous le poids de ses difficultés

Face à ce cliché sombre que présente le centre, le maire Charles Toko n’a pas caché son amertume. Ironisant, il l’a tout simplement assimilé à un probatoire pour le cimetière. C’était le vendredi 11 novembre dernier, à l’occasion de la première visite de travail du président de la République, Patrice Talon, dans le septentrion.
Jusqu’à ce jour, l’hôpital ne dispose pas d’un scanner. En sa séance du 2 décembre 2015 le Conseil des ministres avait pourtant autorisé le financement des besoins de l’hôpital, dans le cadre de son partenariat avec le Centre hospitalier régional d’Orléans qui devait l’aider à en avoir. Malheureusement, force est de constater qu’en dépit des dispositions prises, aucune action n’a été entreprise dans ce sens. Le scanner offert est toujours à Orléans. D’où les questions que le député Rachidi Gbadamassi a adressées en son temps au gouvernement. En dehors des mesures prises pour la mise à disposition des moyens nécessaires au règlement du dossier, il avait voulu connaître les raisons qui bloquent le décaissement du financement. Le gouvernement avait également à se prononcer par rapport aux mesures qu’il a mises en œuvre, afin d’éviter que ce don échappe au CHUD Borgou-Alibori.

Situer les responsabilités

« Vous n’arrivez pas à réaliser certaines gammes d’analyses. A ces difficultés, s’ajoutent les besoins en infrastructures, en équipements médico-techniques et en eau potable », déplore Ibrahim Nondichao pour qui, l’Etat est le premier responsable de cette situation. Ses créances envers le centre, rappelle le syndicaliste, s’élèvent à plus de 300 millions de francs CFA.
En effet, le CHUD Borgou-Alibori continue de prendre le risque d’exécuter les mesures sociales de gratuité de la césarienne et du paludisme, sans avoir la certitude d’être remboursé à temps par l’Etat. Les frais de prise en charge des agents de l’Etat, de la dialyse et des soins aux indigents, lui sont également dus. Du coup, l’éternel problème de ravitaillement au niveau de la Pharmacie a commencé à se poser. « La Pharmacie manque parfois du minimum, des produits essentiels et de première nécessité comme par exemple, les seringues et le paracétamol », a fait remarquer Ibrahim Nondichao. « C’est sur le même stock de médicaments, qu’il faut préparer les kits de gratuités. Si au bout du rouleau, nous ne sommes pas remboursés, avec quels moyens pouvons-nous le reconstituer ? », s’empresse-t-il d’ajouter. Selon lui, lorsque la Pharmacie n’est pas pourvue, ce sont celles installées dans les environs de l’hôpital qui réalisent de bonnes affaires. Ce que confirment Georges Gansè et Anzizath Moutiou, deux accompagnateurs de malades. Ils avaient de la peine à dissimuler leur déception. « Autant fermer la Pharmacie », fulminaient-ils. Une ordonnance en main, le premier n’a trouvé sur les lieux qu’un seul produit sur les sept prescrits pour son patient admis au service des Urgences.
Pour le directeur Emile Antoine Dodji Mensah, les ruptures constatées sont la conséquence d’une dette de 30 millions de francs CFA vis-à-vis de la Centrale d’achats des médicaments essentiels. Il l’a malheureusement héritée. « Nous sommes en train de la rembourser », a-t-il rassuré. D’ailleurs, afin de décanter rapidement la situation, il serait en pour-parler très avancés avec le directeur général de la centrale.
Ces ruptures, regrette Saka Sira Séro, agent à la pharmacie, impactent sur le fonctionnement de la plupart des services du centre. Si la situation ne s’améliore pas, estime-t-il, leurs taux de fréquentation vont baisser tout comme la qualité de leurs prestations, ainsi que la motivation de leurs agents. Selon Saka Sira Séro, c’est parce que les populations n’ont pas les moyens de se rendre dans les cliniques privées, qu’elles continuent de fréquenter l’hôpital.
Tout compte fait, le diagnostic établi est implacable. Le CHUD Borgou-Alibori est gravement souffrant. Il va falloir se mettre à son chevet. Et un autre facteur qui contribue également à son enlisement, a indiqué Ibrahim Nondichao, est l’absence d’un manuel de procédures. Celui qu’il continue d’utiliser, date de novembre 2000. Avec l’avènement de l’Université de Parakou en 2001 qui a conduit à l’érection de l’hôpital en centre universitaire à partir de 2014, il n’est plus adapté.
« A l’heure actuelle, les primes de rendement du personnel contractuel au titre de 2016 ne sont pas encore payées. Les primes spécifiques, nous ignorons ce qu’elles sont devenues. Il en est de même pour les heures supplémentaires, quel que soit le temps passé au service. Ce sont des situations qui ne motivent pas », souligne Ibrahim Nondichao dont le syndicat ne dort pas. En témoigne ses pressions pour que, malgré les difficultés, les salaires soient payés. Le secrétaire général du syndicat invite le gouvernement à prendre au sérieux la situation au CHUD Borgou-Alibori. Pour ce faire, il l’exhorte à aider l’hôpital, en réglant ce qu’il lui doit. N’épousant pas tous les choix effectués par le directeur du centre, il l’appelle à prendre des mesures pour une meilleure gestion des recettes internes, celles externes accusant un grand retard avant d’être réglées. « Les dépenses de fonctionnement sont telles qu’elles ne permettent pas de procéder à des investissements », a, par ailleurs, laissé entendre Ibrahim Nondichao.

Des travaux d’extension qui piétinent

Une autre difficulté est relative aux chantiers ouverts depuis 2009. Ils peinent à s’achever. Ce sont des travaux d’extension avec la construction et l’équipement de sept nouveaux bâtiments pour les services de la Pédiatrie, des Urgences, de la Réanimation, de la Pharmacie, de l’ORL, de la Cardiologie et de l’administration. Ils concernent aussi l’installation et la mise en service de la centrale de production d’oxygène médical et sont prévus pour s’achever le 15 juin prochain. Pendant ce temps, les anciens bâtiments sont pour la plupart dans un état de ruine avancée.
En attendant, les travaux de finition et d’aménagement de l’hôpital se poursuivent. Ils devraient s’achever le 30 avril prochain. L’ensemble de ces travaux représentant la contrepartie béninoise est évalué à 2 247 011 311 F CFA.
Force est de constater qu’en 1959, le centre n’était qu’un hôpital de district en 1959. Il deviendra, par la suite, un hôpital de commune, puis départemental. C’est à partir de 2014, qu’il a été érigé en Centre hospitalier et universitaire pour les départements du Borgou et de l’Alibori. Au regard de l’état des lieux qu’il présente aujourd’hui, il paye le prix des mutations forcées qui lui ont été imposées à travers le temps. Toutefois, à l’idée qu’il bénéficiera bientôt d’une bouffée d’oxygène, son directeur Emile Antoine Dodji Mensah ne perd pas espoirs.

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