1134 visiteurs en ce moment
Les bulldozers sont en action sur le site réservé au projet de rénovation et de modernisation du centre administratif et commercial de Ganhi à Cotonou.
L’immeuble R+1 jouxtant le restaurant ‘’Le Berlin’’ au quartier Xwlacodji dans le cinquième arrondissement de Cotonou est en démolition. Les amas de pierre s’amoncellent sur les lieux sous l’action d’un bulldozer.
Juché sur des gravats ce lundi 23 août 2021, un bulldozer fait tomber, compartiment par compartiment, les murs d’un autre immeuble R+2. C’est l’opération de démolition qui est en cours. Entamée depuis le lundi 16 août, l’opération vise à libérer l’emprise du site réservé au projet de rénovation et de modernisation du centre administratif et commercial de Ganhi à Cotonou.
Une partie de l’emprise à libérer est occupée par les pêcheurs de Xwlacodji.
Selon un communiqué du gouvernement, la date butoir de 15 septembre 2021 a été fixée aux pêcheurs pour libérer la zone.
Les propriétaires des installations de fortune posées le long du chenal n’ont pas attendu le passage des engins lourds. La peur au ventre, certains ont démonté eux-mêmes leurs baraques. « J’ai commencé mon petit commerce sur la berge lagunaire en 2010. Je suis consciente de ce que la terre ne nous appartient pas. Nous occupons un domaine public. Il y environ trois semaines, nous avons reçu des avis de déguerpissement. Moi, mon habitation n’est plus ici présentement. Mon local était construit en face de la berge lagunaire. J’ai cassé mon abri. La mairie a enregistré les usagers qui ont retiré leurs installations. Je suis revenue juste pour encaisser des créances », confie Cécile Agbogba, une revendeuse de poissons frits.
Encore mémoire les déguerpissements opérés en 2012 et 2019 à Xwlacodji, Claude Kassa, plongeur lors des opérations de secours et pêcheur à temps plein, a pris ses précautions depuis le 17 août dernier. « Comme le bois, la toiture a un coût, j’ai décidé de les retirer moi-même avant l’arrivée des bulldozers », confie le jeune vulcanisateur et autochtone de Xwlacodji.
Romain Coffi Amoussou, exploitant de kiosques de transfert d’argent et de jeux de la loterie nationale du Bénin a également démonté toutes ses boutiques depuis une semaine.
Assit sous un arbre son poste radio allumé, Akouété Kouassi, un vieil homme répare les mailles de son filet déchiré. Le vieil homme est prêt à partir. Akouété Kouassi estime cependant que les pêcheurs méritent un accompagnement.
Trouver des issues…
« Ils vont nous déguerpir d’ici à là mais nous ne savons pas où aller. Aucun site n’a été aménagé pour nous accueillir. Nous n’avons reçu aucun accompagnement. Nous sommes prêts à quitter les lieux dans les délais fixés. Nous demandons cependant que des solutions soient trouvées pour la poursuite de nos activités car un pêcheur ne peut vivre que de son activité. Nous sommes des pêcheurs et la pêche est notre seule activité. De quoi allons-nous vivre ? », s’inquiète Akouété Kouassi, un pêcheur installé au bord du chenal depuis 1972.
Ayélé Koevi est vendeuse de mets en activité sur le site depuis une dizaine d’années. La mort dans l’âme, elle ne sait pas encore où exercer désormais son commerce et à quel endroit loger. Pour elle, un site d’accueil ne serait-ce même provisoire aurait pu être identifié pour l’hébergement des personnes qui seront chassées le long du chenal.
C’est le même plaidoyer que fait le pêcheur Claude Kassa au gouvernement. « Je suis au chômage parce que je ne peux plus faire la pêche lagunaire. Des mesures d’accompagnement devrait être offertes aux pêcheurs exerçant dans le chenal », suggère-t-il.
C’est un revenu mensuel d’environ 200 000 francs CFA que perd Romain Coffi Amoussou, exploitant de kiosques de transfert d’argent et de jeux de la loterie nationale du Bénin (LNB) depuis qu’il a retiré ses boutiques. « Je serai dans l’obligation de rendre la machine de jeux à la LNB parce qu’aucun autre endroit n’est à ma disposition », fulmine Romain Coffi Amoussou.
M. M.