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Le ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts Jean-Michel Abimbola a procédé ce mardi 15 juin 2021 à l’inauguration du Premier Centre culturel de rencontre international de l’Afrique subsaharienne, le CCRI John Smith, à Ouidah. A cette ouverture, l’artiste plasticien sculpteur Marcel Kpoho a exposé son œuvre intitulé ‘’Invisible Crime’’, une représentation visuelle d’une victime d’esclavage moderne.
Une femme sans tête et sans bras, enchainée au lit dans une position très suggestive pour symboliser un acte involontaire, un crime : l’esclavage sexuel. C’est l’œuvre de Marcel Kpoho exposée dans les jardins du Centre culturel de rencontre international John Smith, à Ouidah. En proposant cette sculpture réalisée avec des pneus recyclés, l’artiste plasticien veut donner une représentation visuelle aux victimes d’esclavage moderne. L’œuvre réalisée en trois semaines cadre bien avec le thème de l’exposition permanente « Femmes et esclavage », organisée à l’occasion de l’ouverture du Centre culturel de rencontre international John Smith à Ouidah.
Selon Marcel Kpoho, le corps sans tête et sans bras évoque l’incapacité des jeunes filles et femmes victimes à se défendre. Il s’agit notamment de celles qui, à la recherche d’une meilleure vie à l’étranger sont dépossédées de leur passeport, de leur identité et se retrouvent dans l’impossibilité de revendiquer leurs droits. A travers son œuvre, l’artiste dénonce ainsi l’illusion et les fausses représentations de la vie en Europe, en Amérique que les trafiquants d’êtres humains mettent dans la tête des jeunes filles et femmes. C’est une manière de sensibiliser les jeunes filles et femmes et les amener à une prise de conscience.
CCRI John Smith, un espace convivial de rencontres et d’échanges
Le Centre culturel de rencontre international John Smith est installé sur le site de l’ancien tribunal colonial abritant les cendres du corps de John Smith petit-fils d’esclave, embarqué sur le dernier navire négrier ayant quitté l’actuel Bénin et devenu ancien maire de la ville de Prichard (Alabama). Financé par l’Association Internationale des Maires francophones, la Mairie de Ouidah et le ministère de la Culture, le CCRI John Smith regroupe un théâtre de verdure, une médiathèque, une salle d’exposition des studios de répétition et des lieux de résidences pour artistes.
« C’est vraiment une chance pour les artistes créateurs béninois et ceux de la sous-région. Ce centre va permettre plus de créations tout en promouvant les artistes », s’est confié l’artiste plasticien Marcel Kpoho.
A en croire, M Christian Houetchénou maire de la ville de Ouidah et président du Conseil d’Administration, le CCRI John Smith vise à « connecter, soutenir, accompagner et à former les acteurs du monde culturel et aussi à privilégier le contact des élèves et étudiants avec les œuvres, les artistes et le patrimoine politique et culturel ».
Initiateur du projet depuis 2011, Janvier Nougloi directeur général du CCRI John Smith se réjouit de la réalisation du projet à Ouidah après son échec à Abomey. Il n’a pas manqué de remercier le ministère de la culture pour son implication qui a facilité la signature de la convention avec l’Etat béninois. Une convention poursuit-il qui permet désormais au CCRI John Smith de bénéficier de son appui pendant cinq ans renouvelable.
Le ministre Jean-Michel Abimbola a invité les artistes bénéficiaires à prendre soin du joyau et à y jouer pleinement leur partition afin de faire de Ouidah, un des hauts lieux de la plateforme culturelle et touristique au Bénin. Il a rassuré les responsables du CCRI John Smith, du soutien et de l’accompagnement du gouvernement béninois. Avant la coupure du ruban symbolique d’inauguration, Sa Majesté Daagbo Hounon Tomandjrè Hounkpon II a béni les lieux.
Qui est Marcel Kpoho ?
Né en 1988 à Porto-Novo, Marcel Kpoho doué pour le dessin depuis sa plus tendre enfance a débuté véritablement sa carrière artistique en 2017. Peindre ou créer sont pour lui des moyens d’évasion, d’expression et de partage. Il aime que ses œuvres soient dérangeantes, vues, admirées ou critiquées. A partir de recherche sur l’être humain et son origine, il crée un concept, sa marque de fabrique qu’il nomme « le réalisme trilogique ». Il utilise le triangle pour créer des dessins ou des formes dans ses peintures. Ce dernier représente pour lui la trinité, c’est-à-dire le corps, l’âme et l’esprit. Soucieux des enjeux environnementaux et de la surconsommation, il s’engage dans le recyclage des pneus pour en faire des masques muraux, des sculptures et installations. Ses œuvres, à travers la couleur noire du pneu évoquent les mystères cachés de l’être humain, les faits de société, la culture et l’histoire.
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