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L’opinion des Béninois est unanime : le président Talon respectera sa parole et ne fera pas de troisième mandat. Certains pensent que c’est une bonne chose qu’il donne sa chance à un successeur, d’autres le regrettent déjà. Nous avons donné la parole aux citoyens pour savoir ce qu’ils pensent à ce sujet.
Patrice Talon a annoncé dans une interview accordée à Jeune Afrique parue, le 14 mars 2025, qu’il n’allait pas briguer de troisième mandat en 2026. A l’unanimité, les Béninois pensent qu’il respectera sa parole. Pour Christian Le Capo, conducteur de Zem (taxi-moto), « cette déclaration est très importante. C’est bon qu’il ne revienne plus parce que la loi dit : nul dans sa vie ne peut être élu et faire plus de deux mandats ».
M. Agapit Maforikan, juriste en droit public et consultant politique, affirme que le président a mis ses propres limites. « Cette déclaration vient confirmer les précédentes. Depuis 2019, la Constitution a été modifiée pour venir renforcer le fait que nul ne pourra faire plus de deux mandats dans sa vie. Les appels au troisième mandat viennent davantage de ses soutiens qui souhaiteraient que la dynamique continue, mais le respect de la parole donnée prime ».
Bertrand, citoyen béninois, fait partie de la « majorité silencieuse qui aimerait qu’il fasse un troisième mandat » mais sait que le président suivra ses engagements. Pourtant en Afrique, beaucoup de présidents ont fait le choix d’outrepasser la Constitution pour briguer un troisième mandat, comme le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, en 2020. Le Bénin semble alors être une anomalie sur ce point. Bertrand l’explique par le fait que Patrice Talon ne soit pas politicien au départ. « C’est un homme d’affaires qui a fait sa carrière en dehors de la politique. Il a corsé la Constitution car le pouvoir n’est pas le plus important pour lui. C’est les autres pays qui sont une anomalie », déclare-t-il.
Un guide touristique, qui souhaite garder l’anonymat, pense au contraire que « le pouvoir et les affaires, ça va souvent ensemble. Les affaires prennent même souvent le contrôle sur la démocratie », regrette-t-il.
Un prochain président probablement dans la mouvance de Patrice Talon
Le président déclare également abandonner la politique après son mandat pour « sortir, me promener dans les rues, aller au marché faire mes courses, au cinéma, sur la plage, jouer à la pétanque (...). ».
Bertrand « espère qu’il (Patrice Talon, ndlr) ne quittera pas la politique » et gardera de l’influence d’une manière ou d’une autre sur les affaires publiques.
Pour M. Maforikan, il est très probable, qu’en regardant la configuration politique actuelle, ce soit quelqu’un de son parti qui soit élu. « Nous avons deux partis au Parlement sur trois qui font partie de la majorité présidentielle. (Union Progressiste le Renouveau et Bloc Républicain qui ont 81 sièges sur 109, ndlr). La dynamique est positive en faveur de Patrice Talon. Toute prédiction comporte son lot d’incertitudes. Nous ne sommes qu’en mars donc on ne peut pas en être sûr. Mais en face l’opposition ne semble pas prendre de l’élan. »
Des avis contrastés sur le bilan présidentiel
Pour Tharcisius, « il faut que les gens fassent preuve d’une myopie intellectuelle pour ne pas reconnaître tout le travail abattu par ce gouvernement qui est exceptionnel ». Le président a en effet fourni un gros travail pour moderniser le Bénin. Parmi ses grands projets, il a réalisé de nombreuses infrastructures très performantes, pour fournir de l’eau potable à 70% de la population, contre 30% au début de son 1er mandat. Il a également construit une nouvelle centrale électrique qui a comblé la moitié des besoins du Bénin en énergie et enfin, avec le Projet Asphaltage, plus de 672 km de voies ont été bétonnées à travers plusieurs villes du pays.
Un autre citoyen qui souhaite rester anonyme déclare pourtant : « C’est vrai qu’il a beaucoup fait dans le pays mais la galère est trop importante. On n’arrive à manger qu’au plus deux fois par jour ». Il souhaite que son successeur fasse davantage pour le pouvoir d’achat des populations. Il aimerait également que les peines prononcées par la CRIET à l’encontre des opposants politiques soient revues à la baisse. « Celui qui peut avoir une peine de 5 ans, on lui donne 20 ans parce qu’il est opposant ou qu’il est mal vu. C’est cette stratégie que je désapprouve », dénonce-t-il.
Enfin pour le guide touristique, la priorité serait d’assurer un système de « soins accessibles à tout le monde et non pas seulement à la classe moyenne ».
Alice PERRET (Stagiaire)
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