458 visiteurs en ce moment
Alors que sa mise en place se fait toujours attendre, le Conseil national de transition (CNT) suscite déjà colère et défiance de la part des formations politiques. Celles-ci accusent la junte de se tailler la part du lion avec 22 places réservées sur les 121 prévus. Face à un fiasco prévisible,le leader du parti ADP-Maliba, Aliou Diallo,fait des propositions pour une plus grande représentativité et inclusivité du CNT.
Depuis le départ forcé d’Ibrahim Boubacar Keita, en août dernier, le Mali s’est doté d’un président et d’un vice-président de transition, d’un Premier ministre et d’un gouvernement de transition. Mais le Conseil national de transition (CNT), dernier organe prévu par la Charte de transition, tarde toujours à être mis. Pourtant, il suscite déjà la polémique. La classe politique et la société civile maliennes dénoncent l’inégale répartition des sièges du futur CNT. En effet, la junte aura droit à 22 représentants sur 121 sièges, la coalition M5-RFP à 8 et les autres partis et organisations entre 5 à 11. En tout, les militaires et les différents groupements de la société civile considérés comme les « forces vives de la nation » obtiennent cumulativement 75 postes. Ce partage inéquitable met logiquement en péril la bonne conduite de la transition, qui doit durer dix-huit mois.
Aliou Diallo toujours pragmatique
Pour éviter que ce CNT ne soit encore une grande déception, certains leaders politiques font des propositions de consensus. C’est le cas d’Aliou Diallo, président d’honneur de l’ADP-Maliba. Dans une nouvelle tribune, il constate aussi que « le Conseil National de Transition, dans sa forme et son format actuels, pose d’énormes problèmes ». Selon lui, « le nombre de ses membres et la clé de répartition proposée par les autorités ne répondent pas suffisamment aux critères de représentativité et d’inclusivité indispensables à la réussite de la mission assignée à cet organe législatif de Transition ».
Passer de 145 membres à 290 pour une meilleure représentativité
Aliou Diallo estime que le CNT doit refléter le Mali dans toute sa diversité. A ce titre, il doit réunir les principales légitimités du moment. Il s’agit de la légitimité issue des urnes et territoriale ; de la légitimité acquise par la rue (M5-RFP) et celle « de fait » faisant suite à l’arrivée des militaires sur le champ politique ; et de la légitimité sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse. Pour la première condition, Aliou Diallo explique qu’elle répond à la nécessité de corriger l’injustice née des dernières élections législatives mais également des conséquences des évènements du 18 Août. Pour rappel, le coup d’Etat a dissout la nouvelle législature, alors que la plupart de ses membres ont été régulièrement élus comme lui à Kayes. D’ailleurs, 31 autres candidats ont été spoliés de leur victoire par la défunte Cour Constitutionnelle.
« Ces élus de la Nation, ayant ou non passé le filtre de la défunte Cour Constitutionnelle représentent environ 145 personnes. Je tiens à préciser d’emblée que je ne suis pas intéressé par un poste au CNT », précise Aliou Diallo. « A ces 145 élus, le CNT pourrait rajouter 145 autres sièges à répartir entre les deux autres sources de légitimité (celles de fait et celle sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse). Cela donnerait un total 290 membres », propose-t-il. Quant à la légitimité sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse, Aliou Diallo recommande de le faire reposer sur les autres acteurs comme les groupes signataires de l’accord de paix, les mouvements de l’inclusivité, les religieux, les jeunes, les femmes, les personnes à handicap, la presse, la diaspora ou encore les faitières des artisans et de la culture.
Diviser les salaires des membres du CNT pour en réduire la charge financière sur le Budget National
Bien évidemment on objectera que cela fait trop de personnes à payer et donc trop de dépenses à effectuer pour l’Etat malien déjà en difficultés économiques. En raison de leur nombre important passant de 145 à 290, le chef de file montant de l’opposition suggère que les émoluments des membres du CNT soient divisés par deux voire trois par rapport aux émoluments des anciens députés. Ainsi, le problème de la charge financière du CNT sur le Budget National serait résolu tout en garantissant une plus large représentativité en son sein. « Aujourd’hui, il n’y a pas lieu de s’enfermer dans le fétichisme des 121 membres annoncés. Si nous voulons éviter le risque d’une instabilité chronique durant cette Transition, nous devons accepter d’aller à ce compromis dynamique qui devrait satisfaire l’écrasante majorité des acteurs nationaux », conclut Aliou Diallo.