1040 visiteurs en ce moment
La Société des Ciments du Bénin (SCB) a produit du ciment pendant cinquante ans au Bénin. Cinq décennies durant laquelle, elle a rendu l’existence invivable à une partie de la population de Cotonou.
La Société des Ciments du Bénin (SCB) est la première unité de production de ciment installée au Bénin. Elle a été créée le 12 juillet 1967, sous le numéro d’immatriculation 1713-B au registre de commerce. A l’époque, elle s’appelait la Société des Ciments du Dahomey (SCD). C’est une Société Anonyme (SA) au capital social initial de quatre-vingt millions (80.000.000) FCFA. Elle a démarré ses activités le 30 septembre 1970 et avait un statut de société privée sous contrôle étrangère. Ce statut a connu quelques modifications en 1975, avec l’entrée de l’état béninois dans son capital. Au cours de cette même année, la Société des Ciments du Dahomey (SCD) devient la Société des Ciments du Bénin (SCB). Et depuis 2010, elle est appelée SCB/bouclier.
La SCB fabrique essentiellement du ciment « CPJ35 » par broyage du clinker, du gypse et un ajout qui est soit du laitier ou du calcaire. Aucun de ces matières premières n’est disponible sur le site. Toutes les matières premières sont transportées à l’usine. Le Bénin ne disposant pas de ces matières premières à l’exception du calcaire, l’exportation de l’essentiel des produits entrant dans la production du ciment proviennent de l’extérieur.
L’installation de la SCB à Xwlacodji, à l’époque est donc stratégique compte tenu de la proximité de la mer et surtout du wharf, construit à Cotonou en 1891. C’était une passerelle métallique avancée dans la mer jusqu’au-delà de la zone perturbée par la barre. Ainsi les opérations pouvaient se faire dans une eau relativement calme.
En 1970, xwlacodji était un quartier très peu peuplé. Il y résidait en majorité les pêcheurs (xwla ). Mais la proximité du premier centre commercial du Bénin (Ganhi) a trop tôt fait d’accélérer la poussée démographique des zones périphériques. L’extension des activités du centre commercial vers les périphéries a fortement transformé le voisinage immédiat de la Société des Ciments du Bénin. Ainsi Xwlacodji, devient un quartier populeux avec l’installation des entreprises.
La SCB qui avait dans les années 1970, une capacité de production de 200.000 tonnes, pour répondre à la demande de plus en plus forte, a presque triplé sa production. Selon responsables, l’usine Ciment Bouclier a aujourd’hui une capacité de production de plus de 500000 tonnes et fabrique une large gamme de types de ciments.
Bienvenue la pollution
L’accroissement de la production de la SCB nécessite d’importante quantité de clinker et du gypse qu’il faut broyer grâce aux concasseuses qui dégagent d’importantes quantités de poussière. Au fur et à mesure que la production augmente, le niveau de pollution évolue aussi. L’environnement devient insupportable. Depuis les années 1995, Xwlacodji est reconnaissable par les particules de poussière issues du ciment qui circulent dans l’air, et la poussière cimentière qui jonche le sol. Les habitants et le personnel administratif qui y travaillent se plaignent des nuisances causées par cette usine, sans qu’aucune décision administrative ne vienne mettre fin aux nuisances. Même le personnel du Ministère de la Fonction publique et du travail était obligé de déplacer une bonne partie de son personnel. Les syndicats des travailleurs de ce Ministère, dans leurs revendications, ont exigé soit la délocalisation du Ministère soit celle de l’usine.
Il se pose depuis ce temps, une question de santé publique. Les populations se plaignent des nuisances causées par les particules de ciment qui se trouvent dans l’air qu’elles respirent. D’après l’annuaire des statistiques sanitaires de 2010/ Zone Sanitaire Cotonou 1-5, plus de 36 % de la population souffrent des infections respiratoires aiguës et autres affections gastro-intestinales. Combien sont-ils, ces victimes de la SCB qui sont passées de vie à trépas ?
La puissance des multinationales au mépris de la vie des populations et même de la justice
Face à ce drame environnemental, les voix ne cessent de se lever depuis plusieurs années. Mais rien n’a été fait et la SCB poursuit sa production comme si de rien n’était.
Le 14 août 2008, le sieur Polycarpe TOGNON saisit la Cour constitutionnelle d’un recours en inconstitutionnalité de l’implantation, dans une agglomération urbaine, de la Société des Ciments du Bénin (SCB). Cette saisine est enregistrée à son Secrétariat le 27 août 2008 sous le numéro 1530/110/REC.
La Cour Constitutionnelle dans sa Décision DCC 09-046 du 24 Mars 2009 a condamné de l’implantation et l’exploitation de la Société des Ciments du Bénin dans la zone commerciale de Ganhi. « L’implantation et l’exploitation de la Société des Ciments du Bénin dans la zone commerciale de Ganhi constituent une violation de la Constitution », précise la décision.
Mais la SCB n’est nullement inquiétée. Elle poursuit ses activités sans se soucier de la vie des populations de ce quartier de Cotonou.
Marcel HOUETO
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel